Créer un site internet

Un "Carroge" en 1263

Grâce à Jean Pirou, président de l'Association pour la sauvegarde du prieuré du Puley (S&L) et à la SEHN (Société d'Etudes Historiques et Naturelles, Saint-Gengoux le Nal), j'ai pris connaissance d'un Carroge non répertorié par le cadastre napoléonien, non loin du Puley. Le placement sur carte topographique de ce Carroge nous permet de mieux comprendre le tracé probable (et conforme à la topographie) de deux voies qui se croisent au dit carrefour.

Il est fait mention de ce Carroge dans la charte de 1263 du duc de Bourgogne, Hugues IV, accordant la justice haute moyenne et basse à la prieure de Lancharre pour le prieuré du Puley. Le texte médiéval est publié dans : Henri BATAULT, "Notice historique sur l'abbaye des bénédictines de Lancharre et le prieuré du Puley", Mémoires de la société d'histoire et d'archéologie de Chalon-sur-Saône, T.III, années 1851, 1852, 1853.

La transcription en langue de l'époque :

 

Original du texte de jean pirou carroge

Lien vers le texte complet 

Sa traduction en français actuel :

C'est à savoir, la première borne qui est en forme de croix, du côté de la maison du prieuré du Puley, entre la terre du prieuré de Perrecy, d'une part et la terre appartenant à la prieure du Puley, de l'autre. Laquelle va tout droit par derrière le monastère du Puley à la croix et à la borne qui est en bordure du chemin le long du champ qui est appelé le Champ du Cerisier, lequel champ est à la prieure du Puley et de cette croix s'en va et porte tout droit à la croix et à la borne du Carouge qui est entre les deux chemins, dont l'un va à la Prèle et l'autre à Buxy et de ces bornes décrites plus haut s'en va et porte tout droit à la croix, tout droit à la rivière, et de cette croix et borne de la rivière, s'en va et porte tout droit en aval la rivière du pont, et du pont tout droit s'en va et porte à la borne et à la croix qui est et porte tout droit à la borne qui est au-dessus de la rivière, entre la grange et le vivier appartenant à la prieure du Puley ; et de cette croix et borne, s'en va et porte tout droit à la borne et à la croix qui implantée au chemin qui vient de Saint-Gengoux à la Prèle et à Montchanin ; laquelle borne et croix (est) implantée entre la maison Robert Dufour et la maison Bergerot, et de cette borne et croix s'en va et porte jusqu'à la première borne décrite plus haut (celle qui est à côté de la maison du Prieuré du Puley et qui tire au pont de Perrecy.

Ce texte m'a permis de mieux comprendre le tracé de deux axes locaux importants de l'époque : celui qui reliait Montchanin et Saint-Gengoux-le-National (celui qui est mentionné dans le texte), mais également celui qui le coupe au Carouge : un axe reliant Mont-Saint-Vincent et Buxy. À l'époque, Mont-Saint-Vincent était un centre important. H. BATAULT dit plus loin dans le même article : "Le châtelain de Mont-Saint-Vincent, auquel la prieure devait remettre les condamnés, avait droit de ressort sur toute les seigneuries environnant cette baronnie. Lorsque le duc de Bourgogne fit l'acquisition du Charollais en 1237, il rendit hommage pour le Mont-Saint-Vincent et les autres châtellenies au roi Louis IX, qui avait déjà un bailly à Saint-Gengoux."

Notons toutefois que Jean Pirou, dans son enquête pour retrouver les différentes bornes décrites dans la charte, place le Carrouge sur un autre carrefour, également à la fourche entre un chemin vers la Prêle et un chemin vers Buxy :

Comparaison gvs pirou qual inf

Le puley 2

Le puley 3

Le puley 1

Quelques petites remarques :

  • À l'époque, la route principale dans le bourg du Puley passait à côté du prieuré ; c'était encore le cas en 1819, date du cadastre napoléonien.
  • Il est amusant de voir que l'ancienne voie entre Buxy et Mont-Saint-Vincent est occupée actuellement par le sentier de grande randonnée GR 7 sur la majeure partie de son trajet.
  • Ce qu'on appelait à l'époque "Montchanin" n'est pas l'actuel Montchanin, qui est une création récente postérieure à 1850 prise sur la commune de Saint-Eusèbe, mais l'actuel Montchanin-le-Haut, qui fait toujours partie de Saint-Eusèbe (c'en est même devenu progressivement le chef-lieu "de fait" : école, mairie …).
  • On constatera encore une fois une concomitance partielle entre les anciennes routes et les limites communales.